OSIRIS-REx : voyage à l’aube du système solaire

La NASA (National Aeronautics and Space Administration) a accompli un exploit historique en réussissant, pour la toute première fois, à prélever et récupéré des échantillons d’un astéroïde dans le cadre de sa mission OSIRIS-REx (Origins, Spectral Interpretation, Resource Identification, Security, Regolith Explorer). Cette mission ciblait l’astéroïde Bennu, dont le diamètre est d’environ 510 mètres, légèrement plus imposant que l’Empire State Building au États-Unis (443 mètres) et la Tour Eiffel en France (324 mètres).

Source : NASA OSIRIS-REx

Les astéroïdes sont des objets du système solaire ayant une taille qui varie entre quelques mètres à des dizaines de kilomètres. Ces petits corps sont considérés comme des reliques de planétésimaux formés il y a environ 4.5 millions années.

Contrairement, par exemple, à notre planète Terre qui a connu beaucoup de changements principalement à cause de la tectonique des plaques et l’érosion, la majorité des astéroïdes sont primitifs et leurs caractéristiques physiques et chimiques n’ont pas subi des modifications majeures au cours du temps, ce qui est important pour nous afin d’identifier et de comprendre les processus qui se sont produits au tout début et au cours de le formation et l’évolution du système solaire.

Une autre caractéristique intéressante des astéroïdes est le fait qu’ils sont différents l’un de l’autre. Ces corps sont classés selon leur composition chimique et sont divisés en plusieurs types à savoir :

– le type M (métallique) comme Psyche. Ces astéroïdes ferreux pourraient être le vestige du noyau d’une ancienne protoplanète qui a été pulvérisée durant une collision violente avec un autre corps. Il est aussi la cible de la mission Psyche qui devrait être lancée en octobre 2023.

 – le type S (stony ou rocheux) comme par exemple l’astéroïde Itokawa qui a été la cible de la mission de retour d’échantillons Hayabusa, lancée par l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA) en 2003, afin d’étudier sa géologie, géomorphologie, et sa composition chimique. Au cours de cette mission, on est arrivé à confirmer la liaison entre ce type d’astéroïdes et une classe de météorites retrouvées à la surface de la Terre (les chondrites ordinaires de type LL1 ;

La météorite marocaine Kheneg Ljouâd, de la classe des chondrites ordinaires de type LL

qui proviennent des astéroïdes de type S (stony ou rocheux).

Source : meteolovers

– le type C (carboné) comme par exemple Ryugu et Bennu. Ces astéroïdes sont sombres et contiennent du carbone, de l’eau et de la matière organique. Des morceaux de l’astéroïde Ryugu ont été récupéré lors de la mission de retour d’échantillon japonaise Hayabusa 2 en 2020, ce qui a démontré que sa composition est similaire à la composition d’une classe de météorites retrouvées sur Terre (les chondrites carbonées CI2). Lancée en 2016, La sonde spatiale OSIRIS-REx a rejoint l’astéroïde Bennu en 2018 pour produire des cartes de sa surface et pour étudier sa composition. En 2020, elle a descendu vers sa surface pour effectuer un prélèvement d’échantillons du régolithe qui désigne la couche de poussière, produite par des impacts de météoroïdes, qui couvre la surface des objets du système solaire dépourvues d’atmosphère. Après ces manœuvres, la sonde OSIRIS-REx est repartie vers la Terre pour larguer la capsule contenant les échantillons.

Vue d’artiste : osiris-rex-bennu-nasa

La capsule a pénétré l’atmosphère terrestre le 24 septembre 2023, pour atterrir dans une ellipse située dans le Polygone de test et d’entraînement de l’Etat de l’Utah.

Source : NASA/Keegan Barber

Après qu’elle est récupéré, la capsule a été transférée au NASA Johnson Space Center à Houston, pour l’ouvrir et initier l’analyse des échantillons. Les résultats de ces analyses nous permettrons de reconstituer l’histoire de cet ancien astéroïde, et par la suite avoir des informations sur les étapes de formation du système solaire.

Photo prise juste après l’ouverture de la boite contenant les échantillons prélevés de l’astéroïde Bennu.

Le couvercle et la base de la boite est couverte de poussière noire et des particules fines.

Source : NASA OSIRIS-REx

Pour avoir plus d’information sur cette mission, vous pouvez consulter cet épisode sur ma chaine YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=6CZvvYOFIaw&t=17s

Dr. Taha Shisseh

Docteur en science des météorites et planétologie, Modérateur de la chaine YouTube Space ChatNational Geographic Scienceteller

(Photo prise lors de ma visite au Johnson Space Center de la NASA, avec des météorites récupérées de l’antarctique).

Références :

1Nakamura, Tomoki, et al. « Itokawa dust particles: a direct link between S-type asteroids and ordinary chondrites. » Science 333.6046 (2011): 1113-1116.

2Greenwood, Richard C., et al. « Oxygen isotope evidence from Ryugu samples for early water delivery to Earth by CI chondrites. » Nature Astronomy 7.1 (2023): 29-38.

Dr. Taha Shisseh